Il pleut sur le pays du haricot...
Lundi dernier, au petit matin, je partais en train pour accrocher à Montpellier. Lundi dernier, au petit matin, Mamie Nakunoeil prenait le sien pour accrocher son âme aux ailes des moineaux. Le téléphone me l'a dit.
Elle en a eu marre ma petite Mamie, elle a préféré partir, elle avait sûrement fini de ranger ses idées, elle avait certainement fini son ménage personnel. Elle a fait un dernier carton avec ce qui restait (tu la connais maintenant, elle ne serait jamais partie en laissant le bazar), de la poussière a dû virevolter et dans un éternuement, elle a dû s'échapper de son petit corps.
Elle ne m'a pas attendue, mais je ne lui en veux pas. On devait se voir aujourd'hui, elle devait me préparer des frites imaginaires et je devais lui faire des milliers de bisous surprise.
Mardi après midi, j'étais au pays du haricot. Chez les petits vieux, j'ai demandé à voir mamie. On m'a emmené en bas dans le froid. 20 jours que je ne l'avais pas vue, 6 que je ne l'avais pas entendue... Je suis restée presque 1h avec elle, petit oiseau blanc dans sa robe noire et je me suis mise à lui parler comme 20 jours auparavant. On m'aurait vue, on m'aurait prise pour une dingue. Je l'ai entendue me dire que j'étais coiffée comme un as de pique et qu'il ne fallait pas que je sois triste de trop. Tout était paisible autour d'elle, on a rigolé, on a pleuré, fait notre rituel habituel.
Au bout d'un long moment, elle m'a dit "maintenant tu m'embrasses et tu y vas". J'ai plongé ma main dans ses cheveux d'argent, puis le nez. Je suis restée comme ça un long moment à respirer bien fort comme si son odeur était un interminable rail de cocaïne. Et puis elle m'a mis un pied de coup au fesses, alors je suis partie fumer une cigarette sous le pont d'à côté de chez les petits vieux et j'ai respiré ma main qui sentait mon enfance...