L'oiseau
Mamie Nakunoeil adorait les oiseaux. Tous les oiseaux, même ceux qui ne volent pas. Sur la fin, Mamie voyait des oiseaux partout, sur la tête de "ses invités", sur les chaises et dans "son salon".
Je me souviens, quand j'étais gamine, Mémé Gracia avait confié 2 poulets malades à Mamie Nakunoeil qui les avait en moins de deux baptisés de drôles de noms, Koukouni & Bigoudi, et remis sur patte à coup de bisous sur la crête et de préparations culinaires dont elle seule avait le secret.
Bon bien évidemment, l'onirisme de cet histoire s'en est allé quand, sans en avertir personne, le Papi trancha d'un coup d'un seul, la boîte crânienne des deux poulets et demanda à Mamie de nous les rôtir pour le repas du mercredi.
Ce jour là, le fameux poulet/frite n'eut pas l'effet escompté...
La dernière fois que j'ai parlé volatiles avec Mamie, c'était chez les petits vieux, il y a 2 mois environ. On regardait par la fenêtre et d'un coup, elle me dit :
- Tu sais, ce matin, j'ai mangé un oiseau.
- Tu as mangé du poulet à la cantine, ce midi ? C'est ça ?
- Non, non. Ce matin, il y avait un oiseau sur le bord de ma fenêtre. J'avais faim, je l'ai attrapé et je l'ai mangé.
- Mais tu l'as plumé au moins ?
- Non, j'avais trop faim. Mais ça me faisais de la peine, le pauvre oiseau, il était si joli.
Alors j'ai pris Mamie en photo, elle avait le regard triste, et moi je m'imaginais cet oiseau dans ses mains et quelques plumes virevoltant autour d'elle.